Hervé Martin poursuit son cheminement poétique avec une poésie épurée pour dire le silence, l’absence, la mémoire, la nécessité des mots. Courts poèmes et vers brefs traduisent beaucoup d’émotion
en peu de mots. Recueil après recueil, l’auteur est à la quête de souvenirs venant de l’enfance. Il montre comment l’écriture creuse et avance pour faire jaillir ou perdurer la mémoire.
« Les rêves / ne meurent jamais / et l’enfant en toi / veille ».
« Et tu fouilles le silence / pour remplir ta mémoire / du peuple de l’enfance ».
Le poème permet d’atteindre les différentes couches de soi et de « rester debout ». L’écriture est un « matériau élémentaire / pour colmater l’univers intérieur ». Au fil du
recueil, le « mot » devient « pierre-mot » : jolie expression qui fortifie le poème, en résistant et en évitant le silence. Cela nécessite de se connaître :
« Tu ne peux écrire / sans savoir qui tu es ».
Le lecteur se retrouve, cherche l’enfant qui ne le quitte pas. Il redécouvre cette question métaphysique que chacun se pose dès le plus jeune âge : « Qu’est-ce donc
vivre ? »
L’écriture d’Hervé Martin est pleine de sensibilité. Elle nous invite à réfléchir. L’auteur marche dans les mots pour aller au centre de soi, y déchiffrer quelque chose d’aussi mystérieux que les
nuages.
Et marcher dans les mots
qui avancent sur toi
vers le centre
précis de ton être
Tu te relèveras
le visage tourné vers le ciel
les yeux déchiffrant
la langue des nuages