D’un périple cultuel – mais au sens païen du terme – Hervé Martin ramène un texte aussi bref qu’intense. Il est souligné par les gravures d’ombres (superbes) de Valérie Loiseau qui n’est pas
n’importe qui.
L’ensemble s’inscrit sous l’égide de la phrase de Scutenaire « L’avenir n’existe qu’au présent ».
Cela n’est pas anodin. Et dans une période de dilution, Hervé Martin fait œuvre de résistance en rameutant d’autres résistants qu’ils ramènent au présent pour l’avenir:
Vous les braves / Je vous revois vivants
écrit le poète après avoir mis ses pas dans ceux d’illustres anciens – gamins pour la plupart – qui donnent encore aujourd’hui et
plus que jamais une belle leçon de courage.
Ce texte et d’autant plus puissant qu’il ne se veut pas simplement mémoriel. Répétons-le : il est écrit au présent pour le présent dans une sorte d’intensité particulière. Cela semble surgir de
la manière la plus simple, franche, quasi instinctive. Mais qui connaît un peu Hervé Martin sait combien cette intensité d’abord jetée sur le papier est le fruit d’un long travail de
reprise.
Il donne toute sa résonance à ce joyau d’injonctions. Et c’est pourquoi avec Martin et ses ombres il nous est possible de marcher comme l’écrit le poète : Sous le vide du ciel et dans ce
souvenir qui dépasse mon temps. Ce temps est le nôtre. Le créateur lui donne une intensité vibrante par l’économie même des mots, des images, du silence. Notre liberté d’aujourd’hui fut
payée par ceux qui ne refusèrent pas la lutte.
L’hommage particulier que leur octroie Martin vaut bien plus que tant de longs laïus.