Un pré, chemin vers
Yves di Manno
Éditions Flammarion
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Ce livre témoigne en son cœur d’un événement – inouï −. Une scène sous les yeux à jamais présente. À la fois ineffaçable et ineffable, mais que les poèmes dans leur quête tentent d'interroger.
L’ouvrage est formé de huit ensembles, dont trois sont composés d’un seul poème. De « Au terme » titre du poème qui débute le livre, jusqu’à celui qui l’achève « Au seuil », le lecteur traverse ce pré dans un voyage à rebours, qui achève une étape pour en annoncer une prochaine.
Dans le premier des ensembles « Définition », les poèmes nous entraînent dans ce qui semblerait être la vie d’une civilisation ancienne ou d’une communauté tribale. Un peuple de paysans subsistant des fruits de la terre. Nous pensons alors à la vie d‘aborigènes ou d’indiens d’Amazonie. À moins que cette vie-là soit celle de lointains ancêtres. Nous découvrons, comme paisible, leurs occupations quotidiennes faites d’habitus et d’atavismes, qui perpétuent la vie :
« parler ne sert à rien »
On dort, on mange, on sème, on chasse, on pêche : on s’active à la vie qui est rythmée par des rites ou des cérémonies profanes. Et la vie s’écoule, s’échappe… Mais, qui s’en souvient ?
« La pierre dressée sert de tombeau
certains gravèrent les dates
d’autres gravèrent le nom
mais l’histoire est figée
et nous les ignorons. »
C’est de mémoire dont il est question ici. De la remémoration, et plus encore peut-être, d’une commémoration, nécessaire et précise :
« car l’oubli nous recouvre
et nous ne savons plus
quel est notre passé. ».
Après la lecture de ce premier ensemble, nous assistons à des scènes effroyables ! Les poèmes de « Biographie » évoquent des rites,
« éclate un œuf incolore
transparent
qu’un doigt étale sur leurs membres »,
nous font témoins de cérémonies macabres,
« Ils couchent les premiers cadavres
hm