Quelque chose n’est
Poèmes de Danièle Faugeras, Dessins d’Alexandre Hollan
Les Lieux Dits Éditions
ISBN : 978-2-918113-18-8
1er Trimestre 2014
Non paginé
17 €
Quelque chose n’est paraît chez Les Lieux Dits Éditions dans une nouvelle collection intitulée 2Rives, dont l’objectif est de rapprocher les rives de la peinture, du dessin, de la langue et de la poésie.
On ne peut pas lire le titre de ce livre sans songer au lien étroit qui relie Danièle Faugeras au champ psychanalytique dont la pratique interroge l’inconscient, les mots du langage, les lapsus et leurs échos…
En effet, le titre par les sonorités communes des vocables n’est et naît nous renvoie d’une part, à l’existence avec Quelque chose [n’]est et d’autre part, à la naissance, rapprochant sur le plan de l’homophonie être et naître. C’est dans cet espace équivoque que s’inscrit le premier poème de Danièle Faugeras en réponse à la proposition picturale d’Alexandre Hollan. Dessins où l’on découvre des corps, d’abord ombres indéfinies, dos, épaules, cuisses qui dans la succession proposée, prennent chairs d’ombres graphités et formes de corps, pour aboutir à celui d’une femme qui semble porter un enfant. Et il naît alors – ce quelque chose - dans cette rencontre, entre ces onze nus du dessinateur et les poèmes de Danièle Faugeras, le lecteur en éprouve la réalité dans la complicité de ce dialogue artistique.
C’est peut-être en répondant au titre d’un des 11 dessins intitulés quelque chose est là, que le poète instaure le dialogue avec Alexandre Hollan dans la quête d’une réponse, l’orientant vers la naissance, celle d’un être surgit du désir d’autre(s). On existe d’abord dans le désir, là est la source de la naissance « pourvu / qu’un regard / la / traverse/ lui donne/ corps ». Et du coup Naître et Être sont ici réunis dans la continuité du désir. C’est dans l’espace du livre, blancs sur la page parcourue de vers courts que les poèmes sondent le réel, essayant d’en circonscrire les limites dans une progression esquissant des corps éphémères, en mouvement « corps de monde / corps / de mots / dans les mots prenant corps / pour être ». Corps en lutte avec le langage, pour naître et retrouver formes unies aux dessins d’Alexandre Hollan.
Cinq autres longs poèmes, présentés sous le titre de « cinq grands poèmes pour voir », suivent et composent le livre dans une même écriture évoquant la survenue du poème. C’est bien entendu de naissance dont il est question, celle du poème qui surgit là encore du désir.
Tout comme les dessins d’Alexandre Hollan qui prennent corps entre les noirs du fusain et la blancheur du papier, Danièle Faugeras débusque le surgissement du poème « ce / qui surgit / in- / visible nous voyant malgré / nous / se frayant / une vision / jusqu’à / nous » dans le rythme de ses vers ténus, qui caractérisent son écriture et qui, entre les blancs, ouvrent vers le lecteur un champ imaginaire.
hm