POESIES 1978- 1997
Thierry Metz
Pierre Mainard éditeur
ISBN : 978-2- 913751- 60 -6
Mai 2017
184 pages
18 €
(Note parue dans la revue Diérèse.)
Vingt-ans après la mort de Thierry Metz, les éditions Pierre Mainard font paraître une anthologie de ses textes. Le livre regroupe les poèmes qui furent édités entre 1978 et 2004 dans la revue de Jean-Cussat Blanc, résurection et ceux parus dans Diérèse. Les poèmes ayant donné lieu à un livre chez les éditeurs ont été écartés de la publication. Un beau prologue de Thierry Courcaud, esquisse notamment les relations de Thierry Metz avec Jean-Cussat Blanc. Ce dernier alerta Jean Grosjean par lequel Le journal d’un manœuvre (1990) et Lettres à la bien-aimée (1995) furent édités chez Gallimard.
On y découvre au fil des années l’écriture de Thierry Metz : son cheminement. Une poésie à la langue emportée, conduisant le lecteur sur les rives d’un univers intime, bouleversé de tensions et de désirs. Comme un jardin singulier cultivé par le poète, un territoire de quêtes personnelles et de paysages changeant s’y déploie.
Les poèmes rassemblés sous Poésies 1989 – 1997 semblent marquer une période où l’écriture de Thierry Metz trouvera une voie plus personnelle encore. C’est celle qui caractérisera ses livres. Les poèmes sont généralement courts, les vers brefs, la poésie y développe des métaphores ciselées au détriment d’une voie narrative qui paraît délaissée à partir de cette période. Il semblerait que la quête de Thierry Metz se soit orientée vers des lieux plus resserrés de l’intime. Sa poésie se recentre alors sur des paysages intérieurs, au gré de sensations impérieuses.
Dans ta voix que tu survolais / quelqu’un remuait du sable / pétrissait vie et mort / Quelqu’un plaisantait //Seul l’enfant qui allait mourir/savait que du chœur des mots /surgirait le jardin / une seule herbe : irréductible. 1993
La mort de l’enfant a creusé une blessure qui ne fermera pas.
« Pris dans le pourquoi, / sous l’aubépine,/ une écriture hèle un chariot qui passe, / une voiture d’enfant./... »
Dans ces poèmes courts, la voix creuse son langage par ses incertitudes et la quête infinie que mène le poète vers cette forge intime. Ce jardin intérieur où naît la poésie et où Thierry Metz cherche un chemin pour rouvrir le passé et y être fidèle.
« Etre / cette main dernière / qui n’abandonne pas /... »
Ce chapitre des Poésies 1989 – 1997 regroupe pour moi les plus belles pages de l’anthologie. Le poème y exhale toute sa force dans la perception qu’il crée le temps de sa lecture. Il devient ici comme infini, réitérant sans cesse le plaisir du lecteur.
« Lire d’abord / passer d’une proximité à l’autre, / ne se retrouver dans le langage / que pour être ici / avec ses ailleurs – peut-être / et partir avec ses ailleurs, /... »
Et dans sa quête sans fin Thierry Metz ne cessera de circonscrire au plus près, « cela » qu’il recherche, le fruit de son désir, la nature même du poème:
« Il y a peut-être un centre / que chaque mot cherche à dire / qui efface le pourquoi / mais laisse entier ses abords./ Cette maison n’est habité qu’un instant / par celui qui n’est ni entré / ni sorti. »
hm