le vide notre demeure suivie de friperie
Brigitte GYR
Éditions la rumeur libre
N° ISBN : 978-2-930607-97-9
parution : février 2017
Nbre Pages : 80
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éviter / d’être happé / se cacher/ résister / combat de chaque jour / vigilance versus virulence
La raison de ce livre se trouve peut-être dans ces vers lorsque l’écriture devient le lieu de résistance. Celle de Brigitte Gyr est guidée par une tension intérieure. Les vers sont courts, parfois un mot. Certains en retrait de la marge donnent une graphie particulière à la page. Les poèmes n’en contiennent que rarement plus d’une dizaine. Une voix les habite dans la détermination et la singularité de sa présence. Rythme lent sur un ton de déception, déplorant moins le temps qui s’en va qu’un certain désastre qui gagne notre temps. Celui du vide de notre société communicante, de l’inflation des mots ou de la fatuité des propos lorsque les faits ne vérifient que rarement leur sincérité.
terre / désormais durcie / fientes ensevelies / mensonges adressés / au détour d’une langue / dissimulation généralisée
Le livre est composé de deux ensembles dont friperie qui est dédicacé à Christian Boltanski en souvenir de son exposition Monumenta en 2010. Avec des amoncellements de vêtements, l’artiste rendit hommage à la mémoire des victimes de la Shoah, aux traces de vies individuelles, aux anonymes oubliés…
À sa manière peut-être Brigitte Gyr rassemble ici les signes d’une époque finissante. Traces intangibles dehors / la pierre se rétracte dans / les fissures… et d’autres plus visibles coton/ seringue/ soufre / acide/… conduisent la poète à constater la tristesse de l’époque.
Reviennent à sa mémoire des périodes difficiles, lorsqu’elle constate que l’humanité à nouveau se perd dans le rejet de l’autre et le repliement sur soi.
une frontière aussi / ténue / qu’un fil de soie / repousse les arrivants / la loi se fait contre
Dénonçant également la dégradation de la planète, revenir au monde / son état pitoyable / un projet / la terre s’est rétractée jusqu’au /point de rupture/ Brigitte Gyr fait un amer constat face aux incohérences et aux périls – prévisibles ! - qui menacent l’espèce humaine :
C’était écrit / un non-monde tient / la scène /…
Mais elle ne désespère pas tout à fait de l’homme et contre le vide qui nous happe, elle suggère de l’emplir de nos désirs et de nos volontés de vivants.
demeure / à la force de la pensée / le vide / à inventer
hm