Je suis ce que je vois
Alexandre Hollan
Éditeur ERES
Collection PO&PSY / A PARTE
ISBN : 978-2-7492480-2-8
Mars 2015
25 €
Loin des théories ou de règles précises, Alexandre Hollan partage, avec ces notes engrangées sur quatre décennies, ses sensations éprouvées au plus proche de son corps tout au long des années.
Non pas techniques picturales, ni préceptes normatifs mais palettes de sensations, tentatives d’approches d’une réalité ; Délimitations d’espaces ; Nomination d’éléments décisifs : plans, regards, espaces, visions, images… tel un précis de l’observation. Il reste alors l’impression au lecteur que les mots sont, sinon redéfinis, au moins réajustés par l’expérience vécue au plus juste de l’émotion, dans une quête infinie du réel.
Alexandre Hollan semble établir une relation très charnelle avec les arbres (p37). Un dialogue paraît se nouer. L’arbre s’incarne puis disparaît à mesure de la progression du dessin. L’imaginaire né de sa perception s’évanouit progressivement dans l’élaboration de l’œuvre. L’écran du monde, ce regard posé du peintre sur le réel est délimité par sa vision intérieure. Une véritable frontière est tracée entre l’intimité de la vie de l’artiste et la réalité tangible du monde.
Alexandre Hollan tente d’approcher le plus possible la vacuité de ses pensées pour s’adonner au dessin de l’arbre (p36). Une pratique quasi méditative pour percevoir au plus proche la quintessence vitale de ces grands végétaux.
Au fil des pages, les notes du peintre s’accumulent sous des intitulés différents comme une manière d’interroger sous divers angles la présence des arbres. Spirale, droite, sens, lenteur, espace, plans… autant de mots autour desquels Alexandre Hollan établit des relations entre lui et ces grands êtres, entre son regard et le geste de dessinateur. Il crée ainsi des liens intimes et forts dont vibrent les traits de ses dessins.
En redéfinissant les mots sur la base de son expérience personnelle, Hollan invente son langage. Il revisite à partir des sensations qu’il éprouve dans sa rencontre avec la nature, son rapport à la peinture et au dessin. Les notions de couleur, de lumière, de profondeur sont définies aux rythmes de ses perceptions face au monde concret. Le lecteur se prend alors à imaginer la machinerie du peintre, ces arcanes de la créativité.
Ce livre est pour les peintres, l’équivalent d’un art poétique. Il permet à l’amateur d’entrevoir les rouages de la création artistique. Ce lieu où s’élaborent dans le vif de l’émotion, les œuvres de l’artiste.
hm