Combe
Sophie Brassart
Éditions Tarmac
ISBN : 979-10-96556-14-4
48 pages
12 €
Une combe est une petite vallée encaissée longue et étroite formée par l’érosion. Elle est un territoire au bas de la montagne, plus froid peut-être que d’autres. Le territoire d’un affrontement où la lumière lutte contre l’ombre. Combe est le titre qu’aura donné Sophie Brassart à ce livre dédié à son père.
L’enfance est souvent le lieu d’un pèlerinage intime au creux de la mémoire tenace. Elle contient en elle l’énergie d’une vitalité qui accompagne une vie ou parfois alourdit de son poids nos pas dans l’existence. Sophie Brassart qui est aussi peintre nous offre ici son premier livre.
Je le ressens comme celui d’où émerge une langue heurtée, nécessaire d’une lutte intérieure. Une langue issue de la profondeur de l’être qui affleure en partage. Elle vient de loin avec ses mots qui balisent un chemin délicat et fragile sur le bord d’ornières ou d’un abîme, peut-être.
Retourne-toi la voilà / la douleur première / langue brune affleurant / sur un front applaudi
Le livre se décline en trois parties qui ne sont pas titrées. Le lecteur les entend comme une évocation de ce qui fut le théâtre d’un événement singulier et intime évoqué dans ses bouleversements de son origine à ce jour, jusqu’à l’avenir d’un possible. Comment prendre distance avec une expérience ressentie douloureuse même dans les contours de son évocation elliptique ? Un moment fondateur de cette mémoire intime qui fut probablement déterminant et difficile se remet en place avec les poèmes du premier ensemble. Les métaphores fortement signifiantes d‘émotion et par leurs diversités tentent d’esquisser au plus près les sentiments éprouvés et constitutifs dès lors de Sophie Brassart.
Dans les poèmes les vers s’imbriquent en des paysages oniriques approchant de diverses manières le lieu de mémoire, avec ses réminiscences, ses blessures qui se rappellent au corps.
Ce n’est pas toi / mais des mues de toi qui apparaissent / C’est un nid grever de couleuvres / Qu’aucun rêve ne libère.
Un je et un tu se mêlent dans les vers comme les deux sujets d’un même être qui évolueraient dans un paysage sans se rejoindre ni se séparer.
Les termes du vocabulaire rares parfois, montrent un paysage surréel, onirique où l’auteure erre chargée de ses souvenirs, de sa mémoire blessée. Ils surgissent de loin énigmatiques et ténébreux.
Le sang ne perle pas / Mes instants sont des roses / Pris dans la glace
Le livre s’achève vers de meilleurs auspices. Comme une mosaïque de vers, le miroir morcelé du poème luit d’éclats différents et contrariés. Tels les tableaux aux couleurs vives d’énergie et riches de vie que Sophie Brassart peint. Les vers dissipent dans le désordre de l’émotion, les pans d’une narration intime et impossible. Jusqu’à ce que le livre avec le dernier ensemble rejoigne les lieux d’un apaisement vrai.
À l’horizon se lève / le point lumineux de l’oubli.
HM