Chemin des centaurées
Isabelle Lévesque
Éditions de L’herbe qui tremble
N° ISBN : 978-2-918220-78- 7
2e trim 2019
132 pages
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Dans le temps d’un printemps recommencé, entre les mois de mars et le début d’été Isabelle Lévesque emprunte un sentier de mémoire. Elle trace ce Chemin des centaurées, bordé des fleurs qu’elle aime, de poèmes et de souvenirs. Le livre qui s’ouvre sur des vers d’Éric Sautou et de Thierry Metz qu’elle affectionne, est placé sous le double signe du chemin et des fleurs.
Comme en ses précédents livres l’auteur loue et nomme les fleurs sur ce chemin qui conduit vers une histoire intime et affective en laissant dans le filigrane du livre les strates d’une mémoire toujours aussi vive.
Quelqu’un caché, quelqu’un secret / voue les feuilles à l’encre.
Composé en cinq parties nommées des mois du printemps eux-mêmes sous-titrés, à part la dernière intitulée Depuis le solstice, le livre donne à lire des poèmes denses dans des vers parfois sibyllins. Caractères italiques et parenthèses ajoutent sens au sens. Quand d’autres poèmes sont des plus lumineux. Ils se nourrissent de la matière des arbres, des herbes et des fleurs sauvages qui accompagnent sur ce chemin les pas d’une ombre.
Ton nom s’écrit bleu sur le talus, parmi les fleurs, comme un matin clos dans le cœur inchangé.
Coquelicot et centaurées, fleur de lin, marguerites ou jacinthes, coucou et anémones composent un bouquet de couleurs. Comme autant de souvenirs vifs qui semblent renaître dans les jours du printemps et qui brillent jusqu’à l’éclat de l’or du bouton d’or.
Les poèmes maintiennent leur part d’obscurité. Ils accumulent et mélangent signes et sens. Les superposent. Les rapprochent. Un langage complexe de mystères naît qui bruit d’une vive énergie dans le cœur de la poète. Seuls restent aux lumières de la lecture, les vers qui rappellent la vivifiante et chatoyante nature. Parfois images se superposant à d’autres, qu’Isabelle Lévesque efface puis réinvente en un bouquet de mots qu’elle recompose. Les poèmes recèlent des sens qui s’enracinent dans l’histoire douloureuse sur ce chemin de champs et de bois où erre l’ombre d’une silhouette disparue.
/ chapelet, je recolle au ciel les morceaux de mémoire pour un poète mort.
Marcher sur ce chemin dans les jours du printemps est chose difficile quand la beauté de cette renaissance résonne en reflets sombres. Isabelle Lévesque ne cesse d’y revenir pour y surprendre cette silhouette chère, le spectre d’un amant fou, ce souverain penché à la porte de l’été. Et pour enfin poursuivre ce chemin vers une vie promise.
Soyons éphémères et secrets,
allongeons sans fin l’ombre et l’or du cœur serré,
sans regret du passé rompu.
Le jour attend.
hm