Ardentes patiences,
Sophie Brassart,
Éditions du Cygne
N°ISBN : 978-2-84924-643-6
Comme instillant l’idée d’une progression bienveillante, le livre composé de six courts ensembles débute par Dans l’orage et s’achève sur une éclaircie salvatrice avec Prodiges.
Le titre Ardentes patiences exprime, peut-être, le fort sentiment d’impatience d’un jour prochain qui serait enfin dégagé des ombres d’un orage.
En des paysages autant intérieurs que parsemés des éléments tangibles d’une réalité, les poèmes semblent retracer des instants particuliers de la mémoire. Esquissent des scènes dont l’âpreté est perçu dans des mots qui charpentent les vers en des poèmes courts. Et les poèmes de ce premier ensemble éclairent le sombre d’un orage dans Ce chemin de silence – une voie(x) intérieure - qui conduira au lieu D’une blessure à recouvrir.
…/ À risquer la splendeur // Le cœur se dresse / Dans la blessure, quelque chose m’appartient.
Puis dans le plus long des ensembles, Dans la cendre, poursuivant la quête, les vers interrogent au plus vif « l’après et le pourquoi ».
Sauvagement / Nous voulons obtenir / Une réponse sourde / A nos vœux d’innocence /…
Alternativement le Nous et le Je sont employés dans le livre sans que le lecteur ne puisse déceler les sujets de ce Nous. Faut-il le rapprocher d’une parole commune, où est-ce une mise à distance nécessaire et salutaire ?
Vigilante à ce qui peut surgir, Sophie Brassart cherche du sens dans ses réminiscences.
Dans le heurt gravide des souvenirs / Sans ombre & sur la plaine / Il y a ce bruit de mort / à peine éclos.
Et de ce questionnement, la mémoire resurgit, vive, Dague fine comme le dard de la guêpe.
Au cours de ses pérégrinations intérieures la poétesse traverse simultanément le présent de la réalité et le passé des ombres. Elles resurgissent inopinément et l’autrice travaille à en dénouer les imbrications.
Avec la succession des poèmes le livre est un parcours qui atténuera progressivement les difficultés du chemin.
Les poèmes, dans une distanciation nécessaire, maintiennent un constant écart entre un réel tangible et leurs interprétations. Le livre s’équilibre entre les parts d’ombres et une ouverture au bleu d’un ciel nouveau.
L’éclaircie lente, inouïe / Où le désir tremble
Cependant, toujours en suspend, tout équilibre n’est jamais aisé à maintenir. Mais Sophie Brassart y parvient avec la poésie.
Il semble que tout mon corps coexiste : l’un parle / L’autre guette
C’est là que demeure la vraie force.
hm ( Note parue dans le Journal des poètes )